L'homme de foi du clan Caedeyrn, qu'il soit druide ou guerrier, riche ou manant, marchand ou paysan, sait que c'est d'Aënëa que viennent toutes choses, car Aënëa est en tout, à chaque instant. Elle est dans la roche solide et dans la terre friable. Dans l'eau de pluie et dans celle des rivières. Dans la plante et dans son fruit. Dans l'arbre et dans l'homme. Dans tout ce qui existe.
Pour autant l'homme de foi de Caedeyrn n'oublie pas que même Aënëa est soumise au grand cycle perpétuel qui chaque année guide les pas de l'homme de foi de Caedeyrn, de la naissance vers l'enfance, de l'enfance vers l'âge adulte, de l'âge adulte à la vieillesse et de la vieillesse à la mort.
L'homme de Caedeyrn se souvient de ces rites, de ces fêtes auxquels il participait déjà enfant sans toujours les comprendre. Il se rappelle le sérieux avec lequel tous accomplissaient les gestes et disaient les mots.
Le Caedeyrn se rappelle de ces soirées de son enfance où les langues des anciens se déliaient, délivrant les vérités du passé. Ce que ses ancêtres avaient vécu. Car Le Caedeyrn, outre ces devoirs de chef et de guide, a aussi le devoir d'aider ceux qui savent à transmettre leur connaissance.
Il parlera, comme s'il y avait été, de cette nuit où les arbres n'avaient déjà plus de feuilles et le vent se faisait mordant sur les chairs. De cette vieille, vêtue des couleurs du couchant, qui avait offert la bourse et le manteau à l'année passée, le lièvre et le faisan à l'année à venir tout en récitant la liste des malheurs vécus cette année. Il dira comment de la noirceur de la nuit était sorti, un homme, plus grand que tous les hommes, vêtu lui aussi de violet. Comment l'homme s'était avancé à toucher les offrandes qui avaient alors disparues. Comment il avait pris deux dagues, aux lames de diamant et en avait marqué les bras levés de la vieille de deux traînées sanguinolentes. Comment il s'était alors retourné, faisant faire un arc de cercle à ses lames ensanglantées et comment, à l'instant où il disparut, la neige se mit à tomber. Le Caedeyrn racontera comment, un jour, Samaïn est venu.
Il racontera qu'il y longtemps, Imbolc était venu, comme un simple passant, profiter des premiers jours de redoux dans sa tenue de soie aux reflets rougeoyants. Sous ses pieds, l'herbe avait verdi. Le long du chemin, les fleurs avaient poussé. Dans le champ voisin, de minuscules germes de blé avaient fait leur apparition. Et cette fille, à qui Imbolc avait souri. Cette fille dont chacun savait qu'elle ne pouvait avoir d'enfant. Imbolc lui fit boire une gorgée de ce lait qu'il avait dans son outre. Et la fille enfanta dans l'année.
D'un clin d'œil, le Caedeyrn rassurera les moins courageux, en leur rappelant que Beltaine est déjà venu aider le chasseur à tirer le grand cerf en figeant ce dernier d'un regard. Qu'il est déjà venu jusque dans la forge bénir les armes dont le tranchant se révéla extraordinaire. Qu'il a déjà touché de sa main ceux qui partaient au combat et que ceux qu'il avait touché revinrent victorieux. Qu'il l'a déjà fait et pourrait le refaire.
Et lorsque les esprits des guerriers s'échauffent, c'est de Lugnasad que Le Caedeyrn parlera, demandant s'ils souhaitent vraiment qu'il intervienne dans ce conflit qu'il saura stopper net, d'un regard et d'un mot doux de miel ou s'ils ne préfèrent pas le faire venir pour non pas faire la paix mais plutôt la fêter. Car Lugnasad préfère l'amitié au conflit comme l'ont compris ces deux marchands rivaux à qui il fit boire le même vin et qui ensuite devinrent associés pour la vie et s'en trouvèrent enrichis de cœur et de biens. « Trinquons à Lugnasad, dira Le Caedeyrn, Qu'il nous fasse riche nous aussi. »
Auteur Inconnu.
Panthéon
Samaïn : Dieu de l'obscurité, annonciateur de l'hiver. Il marque le début et la fin de l'année. Il symbolise le cycle perpétuel.
Imbolc : Dieu de la purification et de la fertilité.
Beltaine : Dieu de Lumière, annonciateur de la saison de la chasse et de la guerre.
Lugnasad (Lug) : Dieu des richesses et de l'amitié. Il est fêté et remercié au moment des récoltes et des fêtes royales. Il est aussi le Dieu "aux paroles de Miel" qui contribue aux trêves et à la paix.