Fondation de l'ordreLa légende veut que qu’au cours d’une sanglante guerre contre un ennemi barbare, la noble Hilde fut blessée. Soignée au sein de l’arrière garde de son armée, Hilde fut le témoin impuissant d’une manoeuvre sournoise de l’adversaire, qui attaqua lâchement à revers avec une petite troupe.
Le boucher ennemi s’apprêtait à massacrer les blessés lorsque Hilde s’avança, boitant. Elle annonça :
" Par mon Seigneur et Maître, il vous faudra d’abord me tuer avant d’aller plus loin dans votre odieux projet, car ces malheureux que tu t’apprêtes à faucher sont la moisson du Père des Souffrances et non pas la tienne :le Gardien des Plaies boit nos larmes et se nourrit de nos lamentations. Lui seul a autorité sur notre douleur, et il ne permettra pas que tu y mettes un terme prématurément. "
Le chef ennemi s’avança à son tour, et se moqua d’elle :
" Par tous les dieux, c’est assurément la fièvre qui te fait parler ainsi, ou alors quelque mauvais coup que tu as reçu sur la tête. Mais puisque tu te dresses en travers de ma route, je vais promptement mettre fin à ton calvaire, inconsciente ! "
Sur ce il abattit son arme, et trancha net le bras droit de Hilde. Celle-ci s’effondra, et comme ce frêle obstacle avait été balayé, l’ennemi sanguinaire commença à faire marche vers ses faibles proies.
Cependant, Hilde se releva, ramassa son bras, et le remit en place. Puis elle interpella la sauvage troupe.
" Hola, lâche adversaire ! Tu t’apprêtes à fondre sur ces malheureux qui ne sont que plaies et blessures, pareil au loup quand il a repéré un mouton à la patte brisée, alors que tu n’en as point terminé avec moi, assurément. " Le chef ennemi fit cesser l’avance de sa bande, et s’étonna.
" Hé quoi ! Quel prodige est-ce là ? Mes yeux m’ont trahi, à moins que ce ne soit mon bras. Puisque tu m’empêches à nouveau d’accomplir mon oeuvre de guerre, je vais cette fois t’infliger une blessure dont tu ne te remettras point, je le tiens pour certain ! "
Sur ce, il abattit une fois encore son arme, et trancha la tête de Hilde. La tête roula sur le sol, et Hilde s’effondra. La troupe, pareille à un fauve affamé, se tourna de nouveau vers les estropiés et les mutilés qui, tremblants, ne pouvaient plus se réfugier que derrière leurs prières.
Alors, Hilde se releva, ramassa sa tête et la remit en place. Puis elle interpella de nouveau le chef de guerre en ces termes :
" Hola, sauvage racaille ! Avant t’entamer un nouvel ouvrage, termine d’abord celui-ci ! "
Cette fois, les barbares, pris par le doute, s’entre-regardèrent en murmurant. Le chef s’avança, et lâcha son arme en se prosternant devant Hilde.
" Paix, ô brave parmi les braves. J’abandonne mon vain projet, car assurément c’est là un grand prodige dont nous sommes témoins, et l’oeuvre d’un dieu ! Malheur à moi si je persiste face à si puissant adversaire. J’implore ta clémence et demande ta pitié : je te demande de ne pas me châtier pour les coups que je t’ai portés. "
" Tu dis vrai, ô chef de guerre, car c’est bien l’oeuvre d’un dieu ! C’est le Père de toutes les Souffrances qui n’a pas permis que tu lèves ton bras sur son peuple, et qui m’a bénie dans ma chair. Mais puisque ton repentir semble sincère, alors relève-toi, et pour prix de ton pardon, tu rachèteras ta faute en mettant désormais ton bras au service du Protecteur des Plaies. Ta tâche sera à la hauteur de ta faute, car le monde n’est que tourments aussi loin que porte l’horizon. "
Le chef de guerre baisa les pieds de Sainte Hilde, et se redressant, il harangua sa troupe en ces termes, afin que tous puissent entendre :
" Ainsi soit-il, mes frères. A compter de ce jour, malades et blessés seront les brebis de notre troupeau. Nous le ferons croître et prospérer, car nous sommes les bergers du Guérisseur tout Puissant !"
PhilosophieLes fidèles de l’ordre se réfèrent à leur divinité sous différents noms : Notre Père des Souffrances est le plus répandu, mais les saintes écritures évoquent également le Gardien des Plaies, l’Artisan des Douleurs, le Seigneur des Agonies, et bien d’autres identités encore… A travers cette multitude d’avatars, la divinité se veut universelle : la douleur est le lot de tous, sans distinction de race, de sexe, d’âge ou de condition sociale.
" Votre douleur est notre foi "
Les serviteurs de l’ordre ne sont jamais plus proches de leur dieu que lorsqu’ils sont au contact direct de la souffrance, physique ou mentale, manifestation irréfutable de sa puissance sacrée.
Afin de ne pas passer pour de perverses sangsues avides de se nourrir de la souffrance d’autrui, les fidèles de l’ordre ont mit à profit les dons que leur a conféré la divinité. En effet, ceux dont la foi est assez grande obtiennent souvent des aptitudes magiques en rapport avec la gestion de la douleur. Ils mettent en avant leurs capacités surnaturelles à soulager les souffrances (guérison, etc…), afin d’être acceptés dans les lieux où la douleur est grande. D’autres encore, inspirés par le Gardien des Plaies, se sont plongés dans de savantes études afin de percer les mystères de la chair et découvrir tous les secrets de la douleur physique. Ce sont en général des médecins ou soigneurs reconnus par la communauté.
" A souffrance infligée nul bénéfice "
Les suivants du Dieu de Douleur révèrent la souffrance sous toutes ses formes, qu’elle soit physique (maladie, blessure…) ou psychique (chagrin, folie…). Cependant, leur foi ne se nourrit nullement des souffrances qu’ils pourraient eux-même infliger. Tenter de renforcer son pouvoir personnel en torturant des malheureux reviendrait à nier la toute puissance du Père des Souffrances, qui demeure aux yeux des fidèles le seul vrai dispensateur des vicissitudes mortelles. Toutefois, certains croyants seraient capables de faire croitre et grandir une douleur existante grâce au pouvoir de leur foi, de la même façon que l’on peut faire grandir une flamme en soufflant sur une étincelle... Enfin, même s’ils n’en retirent aucun bénéfice au niveau de leur croyance, les fidèles de l’ordre ne s’interdisent nullement d’avoir recours à la violence lorsque cela leur parait nécessaire !
Les chaines de souffranceNul ne pourrait se revendiquer fidèle du Gardien des Plaies sans avoir vécu un ou plusieurs épisodes douloureux au cours de son existence. Les fidèles du Seigneur des Agonies sont toujours marqués du sceau de la souffrance d’une façon ou d’une autre, qu’ils soient torturés quotidiennement par un sombre secret ou un souvenir traumatisant, ou qu’ils portent dans leur chair une purulente mutilation ou une atroce malformation. Ainsi, là où la douleur des autres est souvent éphémère, les serviteurs du Père des Souffrance incarnent les maillons intemporels de la chaine qui nous réunit tous à travers nos tourments, vivantes preuves du pouvoir divin de leur maître.
Organisation de l'Ordre
- TEXTE FONDATEUR: a écrit:
- Au nom du Seigneur des Plaies, qu'il en soit ainsi, Je, Dietrich Peiss (le fameur frère de l'Est, Herr Peiss, qui rédigea la règle), serviteur des pauvres de ces terres, et gardien de l' hôpital du très haut dispensateur des souffrances mortelles, avec le conseil du chapître des frères, ai fait les présents règlements, pour être observés dans la maison de l' hôpital de Notre Père des Souffrances.
Je veux donc que tous les frères qui s' engageront au service des pauvres, et à la défense du Sentiment Divin Primordial (la douleur), maintiennent et observent, avec la grâce des Dieux, les trois choses qu' ils ont promises, qui sont la compassion; c'est à dire qu'il ne laisseront nul homme souffrant sans leur assistance ; l' obéissance ; c' est-à-dire, qu' ils feront exactement tout ce qui leur sera commandé par le Grand-Maître ; et de passer leur vie sans rien posséder en propre, parce que Notre Seigneur des Plaies leur demandera compte de ces trois choses, le jour de la Grande Pâmoison. Les soldats de du Grand Algésique sont uniquement destinés à combattre pour sa gloire, pour maintenir son culte, et sa religion, aimer, révérer et conserver l'humilité des douleurs mortelles, favoriser, soutenir et défendre ceux qui sont dans l' oppression, sans négliger les devoirs de la sainte hospitalité.
Ils doivent encore s' attacher à l' observation exacte qu' ils ont promise au Divin Panseur, en faisant les trois voeux ordonnés par la Règle : de compassion, d' obéissance et de pauvreté, et à pratiquer toutes les autres vertus morales et théologiques : en sorte qu 'enflammés par la Charité, ils ne craignent point de mettre l' épée à la main, et de s' exposer sans prudence, tempérance et force, à toute sorte de dangers, pour la défense de la gloire des soufretteux et de la Sainte Epine, pour les blessés et les malheureux. L' on ne saurait marquer plus de charité qu' en préservant la vie de ses amis, c' est-à-dire pour les autres créatures marchant et souffrant sous le soleil. C' est en quoi consistent leur devoir, leur vocation, le genre de vie qu' ils ont choisi, leur justification et leur sanctification : afin qu' en sortant du pélerinage de cette vie mortelle, ils puissent parvenir à la récompense éternelle pour laquelle le Martyr Eternel les a créés.
La hiérarchie de l'ordre Le Grand Maître de l'Ordre
Le Vicaire Général (le 2nd de l'ordre)
Les Procureurs des Plaies (Sorte d'inquisiteurs à notre mode)
Les Chapitres (les frères dans leur ensemble)
Au sein des chapitres, il est des Fonctions. Toutes sont électives par les autres frères et soeurs du même chapitre : Le Frère Commandeur (Il commande les frères en temps de guerre)
Les Frères Recteurs (Ils s'adonnent à la prière et dirigent les offices)
Les Frères Prosélytes (Ils sont en charge de l'évangélisation des foules)
Les Frères Camériers (Ils sont en charge des "Chambres" c'est à dire des malades pris en charge. Des spécialisations existent dans cette fonction : Chirurgien, herboriste, barbier, épongeurs, sage-femme...)
Les Frères Escorteurs (Ils sont là pour protéger par les armes ses autres frères, particulièrement lorsqu'ils sont au milieu des combats avec des brancards).
Toutes les décisions non militaires sont prises en "Chapitre" lors de réunions "Capitulaires" où tous ont UNE voix et une seule. La voix du commandeur ne comptera double qu'en cas d'égalité.